Les talents de demain

 

Eric, le monde du travail n’en finit pas d’évoluer. De par l’activité de Sublica, qui est un cabinet de recrutement spécialisé dans les forces commerciales, vous avez probablement une idée du profil dont les entreprises auront besoin demain ? 

Eric Cayla : Définir un profil type, non. En revanche, nous savons que ce sont des attendus que l’on peut définir : un besoin de flexibilité, un besoin de ne pas être rattaché un uniquement à un core business, un besoin de liberté, d’autonomie. Avoir un accompagnement managérial transversal, et non descendant. Demain, nous serons dans le collaboratif, dans la proposition, dans la créativité.

Exécuter sans comprendre ou encore la division du travail sont des concepts obsolètes. Les membres d’une entreprise font partie d’un tout.

 

Timothée, vous animez un podcast hebdomadaire « Le Lundi au Soleil », dans lequel vous êtes amené à rencontrer des personnes qui imaginent le travail de demain. Quelles tendances observez-vous sur le profil des talents de demain ?

Timothée Le Vert : Je vois trois prismes sur les talents de demain, le premier qui est une volonté d’être nomade, d’opposer l’indépendance avec le salariat. 

Le lieu est également à prendre en compte : le bon rapport entre les bureaux de l’entreprise, le domicile et potentiellement un lieu en dehors de l’entreprise. Le troisième sujet est la transversalité des compétences : aujourd’hui, j’acquiers des compétences qui sont parfaites dans le cadre de mon travail actuel et qui peuvent fonctionner aussi dans un autre travail. Du coup, j’ai des possibilités d’aller voir ailleurs et de faire complètement autre chose. Je citerai comme exemple une entreprise que j’adore  HO KARAN, qui commercialise du CBD  qui a travaillé avec des salariés, avec des indépendants, partout dans le monde. HO KARAN lance aujourd’hui un co-living. Le concept : des personnes qui travaillent ensemble et qui vivent en partie ensemble. Cela vient inspirer beaucoup d’entrepreneurs et d’entrepreneuses à mener des chantiers analogues. 

Le deuxième point, c’est plutôt une notion de quête de sens. Les talents de demain et je dirais même les talents d’aujourd’hui, se posent des questions : qui suis-je ? Qui serai-je dans l’entreprise dans laquelle je vais évoluer ? Qu’est-ce que j’apporte au sens large dans la société. Je pense que cette quête de sens est un point capital à adresser. J’ai récemment fait la connaissance du fondateur de Shodo, entreprise qui met à disposition des développeurs informatiques. Il me partageait son constat : ils échangent avec leurs collaborateurs, bien sûr, mais essentiellement à l’oral. Leur volonté est de mettre leurs projets par écrit et, mois après mois, se relire et valider qu’ils sont toujours en phase avec ce qu’ils veulent être, ce qu’ils seront dans un mois, ce qu’ils seront dans un an. 

Le troisième point est plutôt orienté sur l’autonomie et la confiance. Le projet entrepreneurial qui m’avait particulièrement frappé est l’entreprise Naboo, dont le concept est à mi-chemin entre du travail hors les murs et du séminaire d’entreprise. Pour booster la performance collective et renforcer la culture d’entreprise, Naboo propose aux entreprises de réunir leurs équipes pour échanger quasi-exclusivement sur des problématiques de management et de gouvernance, et ne pas uniquement centrer les échanges sur le produit et le service de l’entreprise. Cela permet de faire un pas de côté : en tant que dirigeant, est-ce que j’insuffle suffisamment auprès des collaborateurs ; l’inverse est également vrai : les collaborateurs sont-ils suffisamment à l’aise et s’inscrivent-ils dans le projet d’entreprise pour plusieurs années.

 

Timothée, vous avez également co-créé avec Eric Cayla MaTribu, cabinet qui accompagne les entreprises sur les thématiques d’acquisition de talents et de fidélisation des collaborateurs par le digital. Le digital est-il la clé pour recruter les talents demain ?

T.L.V. : Le digital un levier vital à la fois dans le recrutement mais aussi dans la fidélisation des talents. Je pense qu’il ne faut pas non plus s’affranchir de leviers traditionnels comme le réseau ou la chasse. Le digital est le levier sur lequel il faut se concentrer pour aller chercher les talents les plus jeunes.

 

E.C : Le digital ne doit pas nous subordonner. Il doit nous accompagner, nous aider. Le digital doit être un outil, ce ne doit pas être une annihilation. Les talents de demain optimiseront le digital au service d’une cause humaine et sociale.

 

Propos recueillis par Agnès de La Hosseraye

Voici l’interview complète en vidéo :